Cette année, alors que la Russie veut faire des défilés du 9 mai qui consacrent la victoire de 1945 une démonstration de force sur fond de guerre en Ukraine, les célébrations liées à la Journée de l’Europe prennent une signification particulière. Alors que, comme le rappelle la chaine grecque ERT1, 77 ans se sont écoulés depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale, l’Europe, a rappelé la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen, est confrontée à un passé qu’elle pensait avoir laissé derrière elle depuis longtemps. Dans ce contexte, l’Europe entend réaffirmer l’importance des démocraties libérales, notent les médias européens.
En cette journée de l’Europe, le président français sera à Strasbourg, puis à Berlin, pour marquer la clôture de la Conférence sur l’Avenir de l’Europe puis pour sa première rencontre, depuis sa réélection, avec le chancelier allemand Scholz, notent Les Echos. Dans son premier discours européen depuis le début de la guerre en Ukraine, Emmanuel Macron est censé évoquer la révision des traités européens rendu nécessaire par un élargissement éventuel de l’Union européenne. L’entrée de l’Ukraine dans l’UE serait « inévitable », selon le secrétaire d’Etat aux Affaires européennes Clément Beaune lors d’une rencontre avec L’Opinion. Pour Paris, ce processus sera « extrêmement long ». « Si les Ukrainiens entrent, il y a aura aussi les six pays des Balkans occidentaux, la Moldavie et la Géorgie, et la question se posera pour l’Arménie », avance le secrétaire d’Etat. « La question du fonctionnement de l’UE va se poser », anticipe-t-il, que ce soit sur « les institutions, le budget ou le rapport à l’Otan ». Dans un article pour Die Welt, la ministre autrichienne des affaires européennes Karoline Edtstadler estime elle aussi que l’élargissement aux pays de Balkans occidentaux est crucial. Pour Marie-Catherine Beuth Rédactrice en Chef de L’Opinion, les soubresauts à la périphérie de l’UE rappellent que, malgré tous ses défauts, le projet européen porte des valeurs démocratiques qui restent séduisantes face à une Russie impérialiste, à des Etats-Unis partiellement trumpistes et à une Chine nationaliste.
Ce qui intéresse les médias européens, c’est aussi et surtout la clôture de la Conférence sur l’Avenir de l’Europe. « Nous devons rendre l’Union plus efficace afin de progresser encore vers son objectif initial : assurer la paix et la prospérité en Europe », écrivent en chœur l’Espagne, l’Allemagne, la France et l’Italie dans La Vanguardia. « Nous attendons avec grand intérêt les recommandations présentées aujourd’hui par la Conférence sur l’avenir de l’Europe qui appellent à une réflexion adéquate sur les institutions européennes afin de renforcer l’action de l’Union ». El País note que, comme souvent dans l’histoire de l’Union, la Conférence, apparemment anodine, va sans doute déclencher une avalanche de réformes dans les domaines de l’économie, de l’énergie, de la santé ou de la défense. Les crises et défis majeurs auxquels l’Europe a été confrontée, que ce soit la guerre en Ukraine ou la pandémie, nécessitent, aussi différents soient-ils, une coopération très étroite, indiquait la présidente de la Commission européenne vendredi. Martin Sandbu estime également, dans le Financial Times, que l’Union européenne devrait profiter de la Journée de l’Europe pour faire avancer la cause d’une intégration politique plus étroite entre ses États membres. Dans un entretien pour Les Echos et Il Messaggero, Guy Verhofstadt, co-président de la Conférence sur l’Avenir de l’Europe, estime que l’Europe doit en finir avec les principes d’unanimité et de veto. Il espère le soutien du président Macron – « le premier président français à avoir une vision globale, constructive, communautaire de l’Europe […] qui tranche avec la position traditionnelle de la France » – pour changer les pouvoirs du parlement européen.
Une journée symbolique, donc, à bien des égards.
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