INTRODUCTION : Paysage médiatique des entreprises énergétiques
Dans notre dernier rapport d’analyse du paysage médiatique des compagnies énergétiques 2024-2025, à côté d’autres sections sur le sentiment des consommateurs et la part de voix des grandes compagnies pétrolières, nous examinons les défis, les tendances et les innovations technologiques les plus discutés sur les médias sociaux et dans les médias grand public au sujet de l’industrie pétrolière.
Domination des géants et parts de voix
Dans le paysage médiatique actuel, Shell est le leader incontesté de la conversation, captant l’attention avec 7 millions de mentions sur les réseaux sociaux et 730 000 mentions dans les médias traditionnels. Cette domination écrasante reflète non seulement la portée mondiale de l’entreprise, mais aussi les controverses qui l’entourent, notamment le décalage entre sa rhétorique environnementale et ses activités liées aux combustibles fossiles.
Pemex arrive loin derrière, mais reste importante, avec 3,9 millions de mentions sociales et 123 000 mentions dans les médias traditionnels. La compagnie pétrolière mexicaine fait l’objet d’une attention particulière en raison de ses difficultés financières considérables et des réformes entreprises par sa nouvelle présidente Claudia Sheinbaum.
ENI complète le podium avec 1,3 million de mentions sociales et 213 000 mentions dans les médias traditionnels, attirant l’attention pour son modèle d’entreprise innovant et ses importantes découvertes de gaz.
[1] Les challenges les plus discutés et partagés concernant 18 sociétés multi-énergies et pétrolières entre décembre 2024 et mars 2025. Médias et réseaux sociaux.
Les moments clés qui ont façonné l’attention des médias
L’année 2024-2025 a connu plusieurs pics d’attention médiatique qui ont révélé la dynamique du secteur. Le mois de mai 2024 a été particulièrement intense, marqué par l’annonce des bénéfices records de Shell (7,7 milliards de dollars sur un trimestre) et les déclarations du gouvernement mexicain vantant la modernisation de Pemex avec une prétendue augmentation de 25 % des bénéfices.
En juillet 2024, Shell a provoqué une onde de choc en suspendant la construction d’une des plus grandes usines de biocarburants d’Europe, illustrant les difficultés du marché des énergies alternatives. Octobre a également été un mois crucial, avec l’annonce par TotalEnergies du report de la prochaine vague d’approvisionnement en GNL à 2027, et la décision de Repsol de suspendre ses investissements dans l’hydrogène vert en Espagne.
Ces moments d’intense attention médiatique reflètent les tensions fondamentales qui traversent le secteur : l’équilibre précaire entre la rentabilité immédiate et la transition vers un avenir plus durable.
Energies et climat au cœur des préoccupations des médias sociaux
L’analyse des conversations des consommateurs sur les réseaux sociaux révèle une préoccupation dominante : le rôle des entreprises énergétiques dans le changement climatique. Ce sujet représente près de la moitié (46 %) de toutes les discussions, ce qui reflète la sensibilisation accrue du public et les attentes croissantes à l’égard de ces acteurs majeurs.
Les consommateurs examinent de plus en plus attentivement l’impact environnemental des compagnies pétrolières et expriment leur scepticisme à l’égard des engagements des entreprises en matière de climat. Cette méfiance s’étend en particulier aux promesses de neutralité carbone qui coexistent avec l’expansion des activités liées aux combustibles fossiles.
La recherche de solutions durables efficaces (11 %), la tendance des entreprises à rejeter la responsabilité sur les consommateurs (8,7 %) et les appels au boycott et à l’activisme (6,6 %) sont d’autres questions importantes. La frustration du public est également palpable en ce qui concerne les profits substantiels des compagnies pétrolières face à l’augmentation des coûts de l’énergie pour les ménages.
Défis structurels du secteur de l’énergie
L’industrie de l’énergie est confrontée à des défis considérables, dont le plus évoqué reste les politiques de dérégulation de l’administration Trump (22,1% des mentions). Bien que ces politiques visent à renforcer les compagnies pétrolières grâce à des permis simplifiés et un meilleur accès aux terres fédérales, elles créent paradoxalement un environnement d’incertitude. Les producteurs de pétrole sont prudents malgré le discours présidentiel favorable, privilégiant la discipline du marché et la rentabilité à une augmentation massive de la production.
La diversification vers les énergies renouvelables est le deuxième défi majeur (18,3 %), illustrant la pression croissante pour réduire l’empreinte carbone et atteindre les objectifs climatiques mondiaux. Cette transition s’accompagne d’un dilemme fondamental : maintenir la rentabilité (9,2 %) tout en investissant dans des technologies encore en phase de maturation.
Les incertitudes géopolitiques complètent ce tableau complexe, l’impact de la production pétrolière russe (6,3 %) et les conséquences des conflits au Moyen-Orient (6,2 %) continuant d’avoir une influence significative sur le marché mondial de l’énergie.
La transition énergétique : entre ambition et réalité économique
Face à ces défis, les entreprises du secteur de l’énergie développent diverses stratégies de transition. L’énergie solaire (34,1 %) domine les investissements dans les énergies renouvelables, suivie par l’énergie éolienne (29,3 %) et l’hydrogène (19,1 %). Cette diversification reflète la recherche d’un équilibre entre les activités lucratives traditionnelles et l’adaptation nécessaire à un avenir moins intensif en carbone.
Cependant, cette transition se heurte à des obstacles importants, principalement l’évolution de la réglementation (26,7 %), qui crée un environnement d’incertitude peu propice à l’investissement à long terme. La rentabilité des projets renouvelables (19,5%) par rapport aux activités traditionnelles reste également problématique, tandis que la concurrence des entreprises spécialisées dans les énergies renouvelables (18,8%) rend le positionnement des acteurs historiques encore plus complexe.
Les réactions des entreprises illustrent ces tensions : BP a considérablement réduit ses investissements dans les énergies renouvelables de plus de 5 milliards de dollars d’ici à 2025, tandis que TotalEnergies fait figure d’exception en continuant à se développer dans ce domaine, notamment avec une initiative de 160 millions de dollars dans le domaine des batteries en Allemagne.
Dans ce paysage énergétique en pleine mutation, les entreprises naviguent entre les pressions contradictoires des marchés financiers, des régulateurs, des consommateurs et la réalité du changement climatique. La couverture médiatique, dominée par les questions de transition énergétique, de performance financière et d’adaptation réglementaire, reflète ces tensions fondamentales qui façonneront l’avenir du secteur.
[2] Identifier les défis du secteur pétrolier et les principaux acteurs relayés par les médias. Via Onclusive Social
Examinons de plus près 4 grandes tendances rapportées dans les médias et sur les réseaux sociaux qui façonnent le secteur de l’industrie pétrolière :
I. BP, Shell, TotalEnergies : Le défi de la transition et de la diversification énergétiques
La diversification des activités des entreprises énergétiques à dominante pétrolière vers les énergies renouvelables – telles que le solaire, l’éolien et l’hydrogène – tout en maintenant leur rentabilité, même si le pétrole reste une source majeure de revenus, est un exercice d’équilibre complexe. Cette difficulté découle principalement de la grande disparité de rentabilité entre les opérations pétrolières traditionnelles et les projets d’énergie renouvelable. Le pétrole reste une activité très lucrative, offrant souvent des taux de rendement interne (TRI) de 15 à 20 %, alors que les investissements dans les énergies renouvelables produisent généralement des rendements plus faibles, de l’ordre de 5 à 10 %. En raison de cet écart, il est financièrement risqué pour les entreprises de transférer des ressources importantes vers les énergies renouvelables sans mettre en péril leur stabilité économique, d’autant plus que la transition nécessite des capitaux initiaux importants et une planification stratégique à long terme.
En outre, le secteur du pétrole et du gaz bénéficie de fortes barrières à l’entrée en raison de sa forte intensité capitalistique, alors que les énergies renouvelables sont confrontées à des barrières moins élevées, ce qui entraîne une concurrence accrue et une pression supplémentaire sur la rentabilité.
Le défi est d’autant plus grand qu’il faut éviter de perturber les opérations pétrolières de base, qui restent une source de revenus essentielle. Les entreprises doivent gérer avec soin leurs portefeuilles d’investissement pour s’assurer que les fonds alloués aux énergies renouvelables ne compromettent pas les flux de trésorerie générés par le pétrole, qui financent souvent la transition elle-même. Des facteurs externes, tels que la fluctuation des prix des matières premières, l’évolution des réglementations et les progrès technologiques, ajoutent des couches de complexité supplémentaires, obligeant les entreprises à adapter leurs stratégies de manière dynamique. Malgré ces obstacles, de nombreuses entreprises du secteur de l’énergie cherchent à se diversifier dans les énergies renouvelables, en tirant parti de leurs ressources et de leur expertise pour construire un avenir durable tout en préservant leur rentabilité à court terme.
Exemples d’entreprises énergétiques investissant dans les énergies renouvelables
Plusieurs grandes entreprises du secteur de l’énergie relèvent activement ce défi en investissant dans les sources d’énergie renouvelables tout en continuant à dépendre des revenus pétroliers pour maintenir leur santé financière. Voici quelques exemples de ces entreprises et de leurs stratégies :
TotalEnergies : un leader de la transition énergétique
TotalEnergies, la major pétrolière française, se développe de manière agressive dans les domaines du solaire, de l’éolien et de l’hydrogène, avec l’objectif ambitieux d’atteindre une capacité de 100 gigawatts (GW) d’énergie renouvelable d’ici à 2030. L’entreprise prend des participations dans des projets solaires et éoliens dans le monde entier et investit dans l’hydrogène en tant que solution énergétique d’avenir. En maintenant ses activités pétrolières et gazières rentables, TotalEnergies utilise ces revenus pour financer ses ambitions en matière d’énergies renouvelables, se positionnant ainsi comme un leader de la transition énergétique.
BP : solaire, éolien et biocarburants, mais réduit ses objectifs
BP s’est fixé pour objectif de développer une capacité de production d’énergie renouvelable de 50 GW d’ici à 2030, tout en continuant à exploiter ses projets pétroliers et gaziers. L’entreprise investit dans l’énergie solaire, l’énergie éolienne et les biocarburants, souvent dans le cadre de partenariats avec des promoteurs d’énergies renouvelables. L’approche de BP consiste à passer progressivement à des énergies plus propres, en veillant à ce que ses activités pétrolières et gazières fournissent le flux de trésorerie nécessaire pour soutenir cette diversification sans sacrifier la rentabilité.
Mais BP a notamment reculé par rapport à ses objectifs antérieurs en matière d’énergies renouvelables. Sous la direction de l’ancien PDG Bernard Looney, la société s’était fixé pour objectif de multiplier par 20 sa production d’énergie renouvelable d’ici à 2030, en visant une capacité de 50 gigawatts (GW), tout en réduisant la production de pétrole et de gaz de 40 %. Toutefois, ce plan a été largement abandonné. BP a abandonné son objectif de 50 GW d’énergies renouvelables et vise désormais un objectif plus modeste de 15 GW d’ici à 2030. L’entreprise réduit également ses investissements annuels dans les énergies renouvelables à un montant compris entre 1,5 et 2 milliards de dollars, ce qui représente une baisse significative par rapport aux plans précédents qui dépassaient les 7 milliards de dollars par an.
Ce changement s’accompagne d’un regain d’intérêt pour les combustibles fossiles, BP prévoyant d’augmenter ses investissements dans le pétrole et le gaz d’environ 20 %, pour atteindre 10 milliards de dollars par an.
Shell : Solaire, éolien, hydrogène mais un recul
Shell investit dans l’énergie solaire, l’énergie éolienne et l’hydrogène, dans le but de devenir une entreprise énergétique à émissions nettes nulles d’ici 2050. La société a réalisé d’importantes acquisitions dans le secteur des énergies renouvelables, notamment des projets solaires et éoliens, et envisage de faire de l’hydrogène un élément clé de son bouquet énergétique. Shell équilibre ces investissements avec ses activités pétrolières et gazières toujours rentables, utilisant ces dernières pour financer ses objectifs à long terme en matière d’énergie propre.
Comme BP, Shell a revu à la baisse ses ambitions en matière d’énergies renouvelables. En 2022, la société a investi 3,5 milliards de dollars dans sa division « énergies renouvelables et solutions énergétiques », ce qui représente 15,3 % de ses dépenses totales en capital. En 2023, ce chiffre est tombé à 2,7 milliards de dollars, soit seulement 11,7 % de ses dépenses. Shell a également abandonné plusieurs projets d’énergie renouvelable, notamment des projets d’éoliennes en mer en Irlande et en France, ce qui témoigne d’un recul dans l’expansion de son portefeuille d’énergies renouvelables.
Eni : solaire, éolien et biocarburants
Eni, l’entreprise énergétique italienne, vise une capacité de production d’énergie renouvelable de 15 GW d’ici 2030 grâce à des investissements dans l’énergie solaire, l’énergie éolienne et les biocarburants. En outre, Eni étudie la capture et le stockage du carbone (CCS) et l’hydrogène pour compléter ses efforts en matière d’énergies renouvelables. L’entreprise s’appuie sur ses revenus pétroliers pour financer ces initiatives, en se concentrant à la fois sur l’énergie traditionnelle et l’énergie renouvelable afin de garantir sa stabilité financière.
[3] Les énergies renouvelables dont on parle le plus parmi 18 entreprises multi-énergies et pétrolières entre décembre 2024 et mars 2025 : Médias grand public et sociaux
Chevron : retour des combustibles fossiles
Chevron n’a réalisé que des investissements limités dans les énergies renouvelables, continuant à donner la priorité à ses activités pétrolières et gazières. Bien qu’elle dispose d’un petit portefeuille d’énergies renouvelables et qu’elle ait exploré le CSC et des technologies telles que le chargement des véhicules électriques, ces investissements sont mineurs par rapport à ses dépenses dans les sources d’énergie traditionnelles. La stratégie de Chevron reste centrée sur la maximisation des rendements des combustibles fossiles.
Equinor : éolien offshore
La société norvégienne Equinor vise une capacité de production d’énergie renouvelable de 4 à 6 GW d’ici à 2026, en mettant l’accent sur l’éolien en mer, où elle tire parti de son expertise en matière d’exploitation pétrolière et gazière en mer. L’entreprise adopte une approche pragmatique, équilibrant ses investissements dans les énergies renouvelables avec la poursuite de la production de pétrole et de gaz afin de préserver la rentabilité pendant la transition.
Repsol : solaire, éolien et hydrogène vert
Repsol, l’entreprise énergétique espagnole, se distingue comme étant la plus proactive parmi ces entreprises en matière d’investissement dans les énergies renouvelables. Elle a revu à la hausse ses objectifs en matière de capacité installée d’énergies renouvelables, se plaçant ainsi au premier rang des grandes entreprises énergétiques pour ses ambitions. Repsol participe à l’OGCI (Oil and Gas Climate Initiative ) et poursuit divers projets, notamment dans les domaines de l’énergie solaire et éolienne et de l’hydrogène vert (par exemple, un électrolyseur de 100 MW). Elle développe également des usines de biocarburants et de diesel renouvelable, notamment à Cartagena et Puertollano. Ces efforts soulignent l’évolution significative de Repsol vers un portefeuille énergétique plus large qui équilibre les énergies renouvelables avec ses activités pétrolières et gazières traditionnelles.
E.ON : énergie éolienne et solaire
E.ON, une grande entreprise européenne du secteur de l’énergie, s’est positionnée comme un acteur clé dans le paysage européen des énergies renouvelables, en se concentrant principalement sur l’énergie éolienne et solaire, parallèlement à des investissements dans les réseaux énergétiques et les solutions pour les clients. L’entreprise a participé au développement de parcs éoliens en mer et à des projets solaires, contribuant ainsi à l’objectif de l’Union européenne d’augmenter la capacité d’énergie renouvelable. Ces efforts s’inscrivent dans le cadre des objectifs ambitieux de l’UE visant à réduire les émissions de gaz à effet de serre et à augmenter la part des énergies renouvelables dans son bouquet énergétique.
Historiquement, E.ON a mis l’accent sur la décarbonisation et l’intégration des énergies renouvelables dans le réseau énergétique, une étape cruciale compte tenu de la demande croissante d’énergie propre.
Pemex : sources d’énergie traditionnelles
Pemex, la compagnie pétrolière publique mexicaine, n’investit que très peu dans les énergies renouvelables et reste fortement axée sur les combustibles fossiles. En tant que compagnie pétrolière publique la plus endettée au monde, Pemex est confrontée à d’importants défis financiers qui limitent sa capacité à s’orienter vers les énergies renouvelables. Sa politique d’investissement donne la priorité à la production de pétrole et de gaz, et il y a peu de preuves d’efforts substantiels pour se diversifier dans les sources d’énergie renouvelables comme le solaire, l’éolien ou l’hydrogène. Cette orientation s’aligne sur une tendance plus large des compagnies pétrolières nationalisées qui s’en tiennent aux sources d’énergie traditionnelles, tandis que les entreprises privées s’adaptent à la transition énergétique.
ExxonMobil : activité principale dans le domaine des combustibles fossiles
ExxonMobil investit dans les technologies de transition énergétique, même si son activité principale reste le pétrole et le gaz. L’entreprise fait partie de l’Oil and Gas Climate Initiative (OGCI), qui vise des émissions nettes nulles d’ici le milieu du siècle. ExxonMobil finance la recherche sur les biocarburants à base d’algues et poursuit des projets dans le domaine du captage et du stockage du carbone (CSC), de l’hydrogène et des biocarburants. Ses plans à l’horizon 2030 prévoient des investissements dans des technologies à faibles émissions et des produits à haute valeur ajoutée, ainsi que des initiatives telles que les centres de CSC. Toutefois, ces efforts sont relativement modestes par rapport à ses activités principales dans le domaine des combustibles fossiles, ce qui témoigne d’une approche prudente à l’égard des énergies renouvelables.
Puma Energy
Puma Energy, une compagnie pétrolière en aval et en milieu de chaîne, ne montre pas de signes clairs d’investissements dans les énergies renouvelables d’après les données disponibles. Ses opérations semblent centrées sur les activités pétrolières et gazières traditionnelles, telles que la distribution de carburant et les acquisitions dans le secteur en aval (par exemple, l’achat des activités en aval d’ExxonMobil en Amérique centrale). Sans mention de projets renouvelables ou d’initiatives de transition énergétique, la stratégie actuelle de Puma Energy semble fermement ancrée dans les combustibles fossiles.
Comment ces entreprises relèvent le défi
Ces entreprises énergétiques relèvent le défi de la diversification en adoptant une approche progressive, en augmentant graduellement leurs investissements dans les énergies renouvelables tout en s’appuyant sur les recettes pétrolières en tant qu’épine dorsale financière. Elles se concentrent souvent sur des domaines dans lesquels elles détiennent des avantages concurrentiels – par exemple, l’éolien en mer pour des entreprises comme Equinor qui ont une expérience du pétrole en mer, ou l’hydrogène pour celles qui ont une expertise dans le domaine du gaz. Cependant, la rentabilité plus faible des énergies renouvelables par rapport au pétrole exige une gestion méticuleuse du portefeuille pour éviter les tensions financières. Mais des entreprises comme TotalEnergies et Repsol continuent d’investir de manière significative dans les énergies renouvelables.
D’autres entreprises conservent quelques investissements dans les énergies renouvelables, mais leur objectif principal est clairement revenu au pétrole et au gaz. Les changements opérés par Shell et BP ne sont pas isolés, mais reflètent des tendances plus larges dans le secteur de l’énergie. Plusieurs facteurs externes ont contribué à ce recalibrage :
- Climat politique : la réélection de Donald Trump, connu pour être un climato-sceptique et un défenseur des combustibles fossiles, a renforcé les perspectives d’investissement dans le pétrole et le gaz. Ce changement politique, combiné à la guerre en Ukraine, a renforcé les préoccupations mondiales en matière de sécurité énergétique, ce qui justifie encore davantage l’accent mis sur les combustibles fossiles.
- Tendances du secteur : D’autres acteurs majeurs comme ExxonMobil et Chevron ont également réduit leurs investissements dans les énergies renouvelables, privilégiant les gains à court terme du pétrole et du gaz dans un contexte de demande et de prix élevés.
- Pressions économiques : la faible rentabilité des énergies renouvelables, associée à une concurrence accrue dans le secteur, a fait des combustibles fossiles une option plus attrayante pour la création de valeur pour les actionnaires.
II. Le retour du pétrole face au respect des normes climatiques : La déréglementation de Trump se heurte à la poussée verte de l’Europe
1. Les politiques de Trump soutiennent les compagnies pétrolières
En janvier 2025, le président Donald Trump a signé des décrets visant à renforcer l’industrie pétrolière et gazière. Ces politiques se concentrent sur trois initiatives clés : la rationalisation des processus d’autorisation, l’amélioration de l’accès aux terres fédérales pour le forage et la levée des restrictions sur les exportations de gaz naturel liquéfié (GNL). Ensemble, ces mesures visent à réduire les coûts opérationnels et à élargir les débouchés pour les compagnies pétrolières.
Principaux changements politiques
- Rationalisation du processus d’autorisation : Les décrets accélèrent le processus d’approbation des projets pétroliers et gaziers en demandant aux agences fédérales de réduire les délais bureaucratiques. Cette mesure s’applique au forage sur les terres fédérales et dans les zones offshore, ce qui permet aux entreprises de lancer leurs projets plus rapidement.
- Accès aux terres fédérales : Des zones précédemment soumises à des restrictions, comme certaines parties de l’Alaska (par exemple, le Refuge national de faune et de flore sauvages de l’Arctique), sont désormais ouvertes à la prospection et à l’extraction, ce qui permet d’accéder à des réserves de pétrole et de gaz inexploitées.
- Levée des restrictions à l’exportation de GNL : En supprimant les obstacles aux exportations de GNL, les entreprises peuvent vendre davantage de gaz naturel sur les marchés internationaux, en particulier en Europe et en Asie, où la demande est en hausse.
Impact sur les compagnies pétrolières
Ces politiques profitent aux compagnies pétrolières en
- Diminution des coûts : L’obtention plus rapide des permis réduit les délais et les dépenses administratives, libérant ainsi des capitaux pour la production et le développement.
- Augmentation de la production : L’accès aux terres fédérales augmente le potentiel de découverte et d’extraction de nouvelles réserves, ce qui stimule la production globale.
- Amélioration de la portée du marché : La levée des restrictions à l’exportation de GNL ouvre des marchés mondiaux lucratifs, augmentant ainsi le potentiel de revenus.
Exemples de compagnies pétrolières affectées
- ExxonMobil : ExxonMobil, l’un des principaux producteurs de pétrole aux États-Unis, peut tirer parti de la rationalisation des autorisations pour accélérer ses projets d’exploitation du pétrole de schiste, en particulier dans le bassin permien. Les investissements importants de la société dans cette région lui permettent de tirer rapidement parti de la réduction des obstacles réglementaires.
- Chevron : Fortement implantée aux États-Unis, Chevron pourrait étendre ses activités d’exploration sur les terres fédérales nouvellement accessibles, comme en Alaska. Son expertise opérationnelle dans des environnements difficiles en fait un bénéficiaire de choix de ces politiques.
- ConocoPhillips : Opérant largement en Alaska, ConocoPhillips a tout à gagner d’une accélération des procédures d’autorisation et de l’accès aux terres fédérales. L’entreprise soutient depuis longtemps le développement du forage dans la région et pourrait voir sa production augmenter de manière significative.
Cependant, l’hésitation d’entreprises comme ExxonMobil, Chevron, ConocoPhillips, BP, Occidental, Cheniere et Shell est due à un ensemble de considérations économiques, opérationnelles et stratégiques. Le souvenir des chutes de prix passées, la nécessité de maintenir une discipline financière et les risques à long terme de la transition énergétique l’emportent sur les avantages immédiats de la déréglementation pour de nombreuses entreprises. En outre, les défis opérationnels et la dynamique du marché mondial tempèrent l’enthousiasme pour une expansion rapide.
Cette prudence reflète une tendance plus large du secteur : les producteurs de pétrole privilégient la résilience et la flexibilité à l’opportunisme à court terme. Si les politiques de Trump peuvent stimuler la production de manière progressive, l’ère du forage sauvage a cédé la place à une approche plus calculée, les entreprises mettant en balance les gains immédiats et les incertitudes futures.
[4] Les défis les plus discutés et partagés en matière de transition énergétique concernant 18 entreprises multi-énergies et pétrolières entre décembre 2024 et mars 2025. Médias grand public et sociaux
2. Exigences incohérentes en matière de divulgation d’informations sur le climat et la future directive européenne
Les compagnies pétrolières sont confrontées à des défis croissants en raison de l’incohérence des exigences de divulgation liées au climat dans le monde entier, aggravée par l’absence de normalisation à l’échelle mondiale. Ce problème est d’autant plus pressant que la directive européenne « Corporate Sustainability Due Diligence » (CSDD), qui doit entrer en vigueur en 2026, imposera des obligations plus strictes en matière de rapports environnementaux.
Principaux défis
- Normes de divulgation incohérentes : En l’absence d’un cadre mondial unifié, les compagnies pétrolières doivent se conformer à des règles d’information sur le climat qui varient d’une région à l’autre. Cette mosaïque de réglementations accroît la complexité et le coût de la communication des impacts environnementaux.
- Directive européenne CSDD (2026) : Cette réglementation à venir obligera les entreprises opérant en Europe à fournir des informations détaillées sur leur empreinte environnementale, y compris les émissions de carbone et les pratiques en matière de développement durable. Elle vise à rendre les entreprises responsables de leur impact sur le climat, ce qui nécessitera des systèmes de reporting robustes.
Impact sur les compagnies pétrolières
- Augmentation des coûts de mise en conformité : Le respect des diverses exigences en matière de divulgation, en particulier la directive européenne stricte, exige des investissements importants dans le suivi des données, les technologies d’établissement de rapports et le personnel.
- Ajustements opérationnels : Les entreprises peuvent être amenées à modifier leurs pratiques, par exemple en réduisant les émissions ou en adoptant des technologies plus propres, afin de s’aligner sur les réglementations, ce qui peut entrer en conflit avec les stratégies axées sur la production.
Exemples de compagnies pétrolières concernées
- BP : Avec des activités importantes en Europe, BP devra améliorer ses rapports pour se conformer à la directive CSDD. Bien que l’entreprise ait poursuivi des objectifs de développement durable, les nouvelles règles pourraient l’obliger à investir davantage dans le suivi et la réduction des émissions.
- Shell : Shell, autre acteur majeur en Europe, est confronté à des pressions similaires. Son engagement à réduire son empreinte carbone pourrait devoir s’accélérer, la directive exigeant des informations plus transparentes et plus complètes sur le climat.
- TotalEnergies : Basée en France, TotalEnergies sera directement touchée par la directive européenne. Bien qu’elle se soit diversifiée dans les énergies renouvelables, l’entreprise doit encore améliorer ses systèmes de reporting pour répondre aux normes rigoureuses de la CSDD.
III. Les géants du pétrole investissent dans le marché vert : le terrain miné des énergies renouvelables
Les compagnies pétrolières qui s’aventurent sur le marché des énergies renouvelables sont confrontées à un ensemble complexe de défis qui vont bien au-delà de la simple adaptation à un nouveau secteur. Ces obstacles découlent des différences fondamentales entre les modèles d’entreprise, la dynamique du marché, les pressions concurrentielles et l’évolution du paysage réglementaire. Je décrirai ci-dessous les principaux défis, y compris les trois tendances que vous avez mentionnées – la concurrence des acteurs établis, la nécessité d’une diversification géographique et l’orientation vers des technologies de molécules à faible teneur en carbone – tout en explorant d’autres obstacles qui rendent cette transition particulièrement difficile.
1. Concurrence des entreprises spécialisées : Iberdrola, NextEra Energy, Enel, E.ON et Duke Energy
Les compagnies pétrolières qui se lancent sur le marché des énergies renouvelables doivent faire face à une concurrence acharnée de la part du service public et des entreprises spécialisées dans les énergies renouvelables, qui ont des décennies d’expérience, une infrastructure bien établie et de solides relations avec les clients. Les principales entreprises établies dans le secteur des énergies renouvelables – Iberdrola, NextEra Energy, Enel, E.ON et Duke Energy – dominent grâce à leur taille, à leur infrastructure de réseau et à leurs activités mondiales. Les entreprises spécialisées comme Ørsted, Vestas, Canadian Solar, Siemens Games sont souvent à la pointe de l’innovation et de l’efficacité.
- La domination des services publics : Les compagnies d’électricité disposent d’un avantage considérable grâce à leur expertise en matière de gestion des infrastructures de réseau, de distribution d’énergie et de clientèle, en particulier sur les marchés réglementés où elles détiennent souvent des monopoles. Cette position bien établie fait qu’il est difficile pour les compagnies pétrolières de pénétrer le marché sans développer de nouvelles capacités ou former des partenariats stratégiques.
- L’expertise des entreprises spécialisées : Des entreprises comme Vestas (turbines éoliennes) et First Solar (panneaux solaires) se sont concentrées sur des technologies renouvelables spécifiques, ce qui leur a permis de réaliser des économies et d’acquérir une avance technologique. Contrairement aux compagnies pétrolières, habituées aux grands projets centralisés tels que les plateformes de forage, ces entreprises excellent dans la nature distribuée et modulaire des projets d’énergie renouvelable, ce qui représente un décalage opérationnel pour les nouveaux venus.
- Modification des relations avec les clients : Dans le secteur du pétrole et du gaz, les entreprises servent généralement de gros clients industriels. En revanche, les énergies renouvelables impliquent souvent un engagement direct avec les consommateurs finaux, comme les propriétaires qui installent des panneaux solaires sur leur toit ou les petites entreprises qui adoptent l’énergie éolienne. Les compagnies pétrolières ne disposent pas de l’infrastructure de marketing et de service nécessaire pour gérer efficacement cette clientèle diversifiée et en contact direct avec les consommateurs, ce qui nécessite un changement d’approche important.
2. Diversification géographique pour tirer parti des variations régionales
Le marché des énergies renouvelables exige une diversification géographique afin d’optimiser les rendements et de gérer les risques, ce qui contraste fortement avec les opérations concentrées des compagnies pétrolières dans les régions riches en pétrole.
- Variations régionales des prix et des ressources : La rentabilité des énergies renouvelables dépend fortement des conditions locales : les projets solaires prospèrent dans les régions ensoleillées comme le sud-ouest des États-Unis, tandis que les parcs éoliens sont plus performants dans les régions venteuses comme le nord de l’Europe. Les médias soulignent que les prix de l’énergie et les incitations gouvernementales varient considérablement, ce qui oblige les compagnies pétrolières à étendre leur présence géographique pour saisir ces opportunités.
- La diversification du portefeuille réduit les risques : la diversification des régions et des technologies (solaire, éolienne, hydraulique, etc.) peut éliminer 50 à 80 % des risques d’investissement en équilibrant l’exposition à la volatilité des marchés et des réglementations. Cependant, les compagnies pétrolières, habituées à gérer quelques grands actifs, n’ont souvent pas l’expertise nécessaire pour évaluer et superviser un large portefeuille de projets renouvelables plus petits.
- Défis logistiques et financiers : L’expansion dans de nouvelles régions implique des coûts importants – développement du site, obtention de permis et connexions au réseau – tout en maintenant des activités à forte intensité de capital dans le domaine des combustibles fossiles. Cette double charge pèse sur les ressources et nécessite une planification financière minutieuse.
3. Pivot vers les technologies de molécules à faible teneur en carbone
Les spécialistes notent que les compagnies pétrolières se concentrent de plus en plus sur les technologies de molécules à faible teneur en carbone, telles que l’hydrogène, le captage et le stockage du carbone (CSC) et les biocarburants, plutôt que sur les énergies solaire et éolienne traditionnelles, en raison des pressions concurrentielles et des préoccupations en matière de rentabilité.
- Des marchés conventionnels encombrés : Les marchés du solaire et de l’éolien sont très concurrentiels, avec des barrières à l’entrée plus faibles et des marges minces (généralement 5 à 10 % de rendement contre 15 à 20 % pour le pétrole et le gaz). Cela pousse les compagnies pétrolières à rechercher des niches où elles peuvent maintenir une rentabilité plus élevée et éviter la concurrence directe avec les acteurs établis.
- Tirer parti des atouts existants : Les technologies à faible teneur en carbone s’alignent sur les compétences de base des compagnies pétrolières en matière de chimie et de processus industriels :
- Hydrogène : L’expertise en matière de traitement du gaz peut être adaptée pour produire de l’ »hydrogène bleu » (à partir de gaz naturel avec CSC) ou distribuer de l’hydrogène vert.
- CSC : La connaissance de la géologie du sous-sol acquise lors de la prospection pétrolière permet d’identifier les sites de stockage du CO2.
- Biocarburants : Les compétences en matière de raffinage peuvent être réaffectées au développement de biocarburants avancés.
- Priorité à la rentabilité : Les rendements plus faibles des énergies renouvelables traditionnelles, combinés à la nécessité de maintenir les opérations existantes, poussent les compagnies pétrolières à se tourner vers ces technologies émergentes, qui promettent une meilleure intégration avec les actifs existants et des marges potentiellement plus élevées.
4. Les autres défis lors de l’entrée sur le marché des énergies renouvelables
Les compagnies pétrolières pourraient être confrontées à une multitude d’autres obstacles :
- Changements culturels et opérationnels : Les compagnies pétrolières sont conçues pour des projets centralisés de grande envergure, avec des coûts initiaux élevés et des périodes d’amortissement longues. Les énergies renouvelables nécessitent des investissements plus petits et plus fréquents avec des retours sur investissement plus rapides, ce qui exige un changement culturel vers l’agilité et la gestion décentralisée.
- Lacunes technologiques : Le solaire et l’éolien dépendent de l’ingénierie électrique et de l’intégration au réseau, domaines dans lesquels les compagnies pétrolières n’ont qu’une expertise limitée. Leurs points forts résident dans l’ingénierie mécanique et chimique, ce qui nécessite des investissements en R&D ou des partenariats pour combler ce fossé.
- Incertitude réglementaire : Les énergies renouvelables sont façonnées par une mosaïque de politiques gouvernementales, de subventions et de prix du carbone, qui peuvent évoluer rapidement. Les compagnies pétrolières doivent naviguer dans cette complexité, contrairement aux cadres réglementaires plus prévisibles du pétrole et du gaz.
- Intégration et intermittence : Les sources renouvelables telles que l’énergie éolienne et solaire sont intermittentes, ce qui nécessite des améliorations du réseau et des solutions de stockage de l’énergie (par exemple, des batteries). Les compagnies pétrolières, habituées à la fiabilité des combustibles fossiles, doivent investir dans ces technologies pour garantir un approvisionnement stable, ce qui représente un coût et une complexité supplémentaires.
- Transition de la main-d’œuvre : Les employés qualifiés dans l’extraction des combustibles fossiles doivent être recyclés pour les projets renouvelables, ou de nouveaux talents doivent être embauchés. Ce processus est coûteux et peut se heurter à la résistance des travailleurs enracinés dans l’industrie pétrolière et gazière.
- Pression du public et des investisseurs : si les compagnies pétrolières sont en demande de transition, le scepticisme quant à leur engagement (par exemple, les accusations d’ »écoblanchiment ») peut nuire à leur réputation et à leurs relations avec les investisseurs si les efforts en matière d’énergies renouvelables s’essoufflent.
- Obstacles au financement : La finance verte se développe, mais les compagnies pétrolières peuvent avoir du mal à obtenir des conditions favorables si elles n’ont pas fait leurs preuves dans le domaine des énergies renouvelables, et si elles doivent faire face à des coûts plus élevés ou à des critères plus stricts que les acteurs établis.
- Risque lié aux actifs échoués : à mesure que le monde se tourne vers les énergies renouvelables, les compagnies pétrolières doivent trouver un équilibre entre le désinvestissement des combustibles fossiles (pour éviter les actifs échoués) et l’investissement prudent dans les énergies renouvelables, ce qui nécessite une approche stratégique délicate.
IV. Pétrole 2.0 : L’IA, les drones et l’automatisation redessinent l’or noir
Les innovations technologiques, notamment l’intelligence artificielle (IA), l’automatisation, les drones et le big data, transforment l’industrie pétrolière et gazière en améliorant l’efficacité, en réduisant les coûts, en renforçant la sécurité et en répondant aux pressions environnementales. Ces avancées sont essentielles alors que les compagnies pétrolières relèvent des défis tels que la volatilité du marché, la transition énergétique et les changements réglementaires, tout en étant en concurrence avec les secteurs des énergies renouvelables.
1. Intelligence artificielle (IA)
- Exploration avancée et gestion du carbone : L’IA améliorera l’imagerie sismique 4D pour les réservoirs ultra-profonds et soutiendra le captage et le stockage du carbone (CSC) en identifiant les sites de stockage optimaux. Cette évolution s’inscrit dans le cadre de l’orientation des compagnies pétrolières vers des technologies à faible teneur en carbone (par exemple, l’hydrogène, le CSC) afin de rester pertinentes dans un monde en voie de décarbonisation.
- Futur potentiel : L’IA pourrait réduire les coûts d’exploration de 30 à 40 % et permettre aux projets de CSC de s’étendre, aidant ainsi des entreprises comme Shell et TotalEnergies à atteindre leurs objectifs en matière d’émissions nettes zéro.
- Opérations autonomes : L’IA sera à l’origine de systèmes de forage et de production entièrement autonomes, minimisant l’intervention humaine et permettant des opérations dans des environnements extrêmes tels que l’Arctique ou l’offshore profond.
- Futur potentiel : Des entreprises comme BP pourraient exploiter des champs éloignés avec 50 % de personnel en moins, ce qui permettrait de réduire les coûts et d’améliorer la sécurité.
- Intégration avec les énergies renouvelables : L’IA optimisera les systèmes énergétiques hybrides, en gérant les actifs pétroliers et renouvelables (par exemple, les fermes solaires alimentant les champs pétroliers) afin de réduire les émissions et les coûts.
- Futur potentiel : ExxonMobil pourrait utiliser l’IA pour intégrer l’énergie solaire dans ses opérations dans le Permien, réduisant ainsi les émissions opérationnelles de 20 à 30 %.
2. Automatisation
- Automatisation de bout en bout : L’automatisation future englobera l’ensemble des chaînes de valeur, de l’exploration au raffinage, avec des systèmes interconnectés optimisant les performances en temps réel.
- Futur potentiel : Chevron pourrait automatiser ses opérations mondiales, ce qui permettrait de réduire les coûts de 20 à 30 % et d’accélérer la mise à l’échelle des projets.
- Robotique pour la maintenance : Des robots avancés effectueront des tâches de maintenance complexes dans des environnements dangereux, tels que les plates-formes en haute mer ou les raffineries à haute pression.
- Futur potentiel : Les coûts de maintenance des champs offshore d’Equinor pourraient diminuer de 40 % grâce aux robots qui s’occupent des réparations sous-marines.
- Automatisation verte : L’automatisation soutiendra les technologies à faible teneur en carbone, telles que la production automatisée d’hydrogène ou les installations de CSC, en s’alignant sur la transition de l’industrie vers des solutions durables.
- Futur potentiel : Eni pourrait automatiser ses projets de CSC, ce qui réduirait les coûts d’exploitation et accélérerait la décarbonisation.
3. Drones
- Flottes de drones autonomes : Les futurs drones fonctionneront en flottes coordonnées, utilisant l’IA pour effectuer des tâches continues de surveillance, de maintenance et d’intervention d’urgence sur de vastes champs pétroliers ou oléoducs.
- Futur potentiel : Saudi Aramco pourrait déployer des flottes de drones pour surveiller son réseau de pipelines de 25 000 km, réduisant ainsi les temps d’inspection de 60 %.
- Conformité environnementale et réglementaire : Les drones s’intégreront à l’IoT et au big data pour fournir des données sur les émissions en temps réel, aidant ainsi les entreprises à se conformer à des réglementations strictes telles que la directive européenne Corporate Sustainability Due Diligence (2026).
- Futur potentiel : BP pourrait utiliser des drones pour assurer la conformité de ses opérations européennes, réduisant ainsi les amendes réglementaires.
- Surveillance de l’énergie hybride : Les drones surveilleront les projets d’énergie hybride (par exemple, les panneaux solaires alimentant les plates-formes pétrolières), ce qui aidera les compagnies pétrolières à se diversifier dans les énergies renouvelables.
- Futur potentiel : TotalEnergies pourrait utiliser des drones pour optimiser ses projets hybrides solaire-éolien, améliorant ainsi l’efficacité énergétique de 15 %.
4. Big Data
- Perspectives de marché prédictives : Le big data permettra de prévoir la demande mondiale d’énergie, les prix du pétrole et les tendances en matière d’adoption des énergies renouvelables, ce qui permettra aux compagnies pétrolières d’équilibrer leurs investissements entre les combustibles fossiles et les énergies renouvelables.
- Futur potentiel : Occidental Petroleum pourrait utiliser l’analyse prédictive pour allouer des capitaux, réduisant ainsi le risque d’investissement de 20 à 30 %.
- Jumeaux numériques : Le big data alimentera des jumeaux numériques – des modèles virtuels de champs pétroliers, de plates-formes ou de raffineries – permettant la simulation et l’optimisation des opérations en temps réel.
- Futur potentiel : ConocoPhillips pourrait déployer des jumeaux numériques pour ses champs d’Alaska, ce qui permettrait d’accroître l’efficacité de la production de 15 à 20 %.
- Intégration du développement durable : Le big data permettra de suivre l’empreinte carbone de toutes les activités, de soutenir les stratégies à faible émission de carbone telles que la production d’hydrogène ou le CSC, et d’aider à la conformité avec les normes climatiques mondiales.
- Futur potentiel : Shell pourrait utiliser le big data pour réduire son intensité de carbone de 25 %, en s’alignant sur les objectifs de zéro net.
Forage ou virage : L’industrie pétrolière face au chaos de demain
L’analyse du paysage médiatique de l’industrie pétrolière en 2024-2025 révèle un secteur en profonde mutation, tiraillé entre des forces contradictoires. D’un côté, la pression croissante pour une transition vers un modèle énergétique plus durable, portée par les préoccupations climatiques et les nouvelles réglementations, notamment européennes. De l’autre, un retour aux combustibles fossiles encouragé par les politiques de déréglementation américaines et les réalités économiques d’un marché où le pétrole reste plus rentable que les énergies alternatives.
Dans ce contexte, plusieurs scénarios se dessinent pour la prochaine décennie :
- L’émergence d’un modèle hybride où les compagnies pétrolières deviennent progressivement des « entreprises énergétiques intégrées », gérant simultanément des portefeuilles de combustibles fossiles et d’énergies renouvelables
- Une polarisation accrue du secteur entre acteurs traditionnels concentrés sur l’optimisation des ressources fossiles et nouveaux entrants spécialisés dans les énergies alternatives
- Une accélération des innovations technologiques permettant de réduire l’empreinte carbone des opérations pétrolières tout en développant des solutions énergétiques de transition comme l’hydrogène ou le captage de carbone
Une certitude demeure : la réputation des entreprises du secteur pétrolier restera étroitement liée à leur capacité à démontrer un engagement crédible en faveur de la transition énergétique, au-delà des discours et des promesses. Les consommateurs, investisseurs et régulateurs continueront d’exercer une pression croissante pour une transformation substantielle du modèle énergétique mondial, plaçant l’industrie pétrolière face à un défi existentiel sans précédent dans son histoire.